Focus

Viticulture

Publié le : 21/10/2020 08:33:44
Catégories : Focus

Par Tom, Ludifolie.

Imaginez un peu. Vous héritez d'un petit vignoble en Toscane, ce qui vous donne envie de tout plaquer pour devenir viticulteur. La vigne, le raisin, les cépages, tout ça c'est bien beau mais encore faut-il s'y connaître ! Allez, avant de se mettre à l'article, testons un peu vos connaissances oenologiques. Réponses à la fin !

1 - Comment est obtenu le Pinot gris ?

A) Par hybridation du Pinot Noir et du Chardonnay
B) Par mutation naturelle du Pinot Noir
C) Via une extraction Polyphénolique transformée

2 - Parmi les appellations suivantes, laquelle n'est pas originaire de Toscane ?

A) Le Brachetto d'Acqui
B) Le Brunello di Montacilno
C) Le Chianti Classico

3 - Quel est le nombre approximatif de cépages cultivés dans le monde ?

A) 1200
B) 6000
C) 9500

4 - Comment appelle-t-on également un pied de vigne ?

A) L'artaban
B) Le greffon
C) Le cep

5 - De l'invasion de quel insecte ont été victimes les vignes européennes entre 1865 et 1885 ?

A) Le Phylloxéra
B) L'Adelge
C) Le Puceron lanigère

6 - Quels sont les trois cépages les plus cultivés en France ?

A) Le Cabernet Sauvignon, le Chardonnay, le Gamay.
B) Le Grenache noir, le Sauvignon blanc, le Pinot Noir.
C) Le Merlot, le Grenache noir, l'Ugni blanc.

7 - Dans quel pays est principalement cultivé le Tempranillo ?

A) En Italie
B) Au Chili
C) En Espagne

8 - Avec quoi s'accorderait parfaitement un Gewurztraminer d'Alsace (attention, piège) ?

A) Une grosse Sürkrüt
B) Un gros Baeckeoffe
C) Un gros Minschterkaas bien fait

Réponses :

1 - B. Ne me demandez pas d'expliquer. J'avoue, la réponse C ne veut pas dire grand chose.
2 - A. C'était facile pourtant.
3 - B. Et non, la Kanterbrau n'est pas un cépage.
4 - C. Ne me dites pas que vous n'avez pas trouvé !
5 - A. Les autres sont aussi de sales bêtes.
6 - C. Promis, c'est même Wikipédia qui le dit.
7 - C. On est d'accord, ça sonnait italien pourtant ? 
8 - A, B et C. Ok celle-là était un peu piégeuse, mais fallait bien que je case mes origines alsaciennes à un moment.

Résultat :

Entre 0 et 1 point
Clairement, vous êtes plutôt « cubi de cinq litres du Lidl » ou Picon Bière. En vrai ne vous en voulez pas, le quizz était pas facile.

Entre 2 et 4 points
Vous en saviez sûrement à peu près autant que moi au moment où j'ai fait le quizz, donc pas grand chose, mais assez pour grappiller quelques points ! Bravo !

Entre 5 et 7 points.
Le vin, c'est votre dada. Et même si vous n'avez pas cliqué ici pour parler pinard, vous pouvez être fier de vos connaissances.

8 points.
Comme le palier précédent, sauf que vous n'êtes pas tombé dans le piège de la question 8. Un véritable œnologue.




Maintenant qu'on a fait mumuse et un peu testé vos capacités oenologiques, il est temps de passer au sujet du jour, avec Viticulture, un jeu Stonemaier Games (à qui l'on doit entre autres, Scythe, Wingspan ou encore Tapestry), édité en France par Matagot. Imaginé par Jamey Stegmaier, Alan Stone ainsi que Morten Monrad Petersen, illustré par Beth Sobel, Viticulture est un jeu de placement d'ouvriers se jouant de 1 à 6 joueurs (il y a un solo avec un automata) pour des parties d'une heure à une heure et demie (plus avec l'extension Toscane).

Comme nous l'avions si bien amené dans notre quizz d'introduction, dans Viticulture, vous allez devenir l'héritier d'un petit domaine viticole en Toscane dont vous allez tenter de rendre le faste en en faisant le plus prestigieux vignoble d'Italie. Le côté histoire s'arrête ici, mais ce n'est pas pour autant que thématique et gameplay ne sont pas accordés, comme on le verra plus loin ! Avant d'attaquer le cœur de la mécanique du jeu, je précise que je ne vais parler du jeu qu'avec l'extension Toscane. On m'avait prévenu que Viticulture était un de ces jeux qui a un besoin absolu de son extension pour avoir une véritable profondeur de jeu et on ne m'avait pas menti. Après quelques parties jouées avec les extensions, je ne m'imagine pas jouer sans Toscane, dont le plateau en quatre saisons et les nombreux choix d'actions qui en découlent me semblent tout à fait indispensables pour profiter d'un vrai bon jeu « expert »

Lançons nous donc dans Viticulture, dont le but du jeu est d'obtenir un maximum de points de victoire grâce à la vente de vin et tout un tas d'autres actions de cartes et de plateau qui permettent d'en récupérer. La fin de partie se déclenche dès qu'un joueur atteint les 25 points de victoire, ce qui aboutit sur une fin du tour en cours et un décompte final des points à son terme.

Une fois la mise en place effectuée, la première chose qu'on doit choisir, c'est un papa et une maman (pas de papa/papa ou maman/maman, c'est pas très ouvert la Toscane) qui vont nous permettre de bénéficier de ressources de départ, entre cartes, ouvriers, bâtiments et Lires italiennes (on est donc avant l'euro, ça nous rajeunit pas). La grande variété de cartes papas/mamans permet d'office des départs très différents, ce qui est d'ores et déjà un must en terme de rejouabilité.

On dispose devant nous d'un plateau personnel, sur lequel on peut construire tout un tas de bâtiments (en payant leur coût), qui sont soit des pré-requis pour planter certains types de vignes, soit utiles pour faire certaines actions supplémentaires ou octroyer certains bonus. Ce plateau sert également à suivre ce qui est planté dans vos champs, la quantité de raisins dans vos pressoirs ainsi que le nombre de vins dans vos caves (rouges, blancs, rosés et proseccos), en sachant que vous êtes limités en début de partie à une petite cave que vous aurez rapidement envie d'agrandir pour avoir des vins plus variés et de meilleure qualité.

Pour commencer la partie, on désigne au hasard le premier joueur, qui choisit à quelle heure il souhaite se lever pour toute l'année en se plaçant sur une piste de réveil à gauche du plateau. Cette piste sert principalement à déterminer l'initiative (le joueur le plus matinal posera ses ouvriers en premier toute l'année, soit toute la manche), mais aussi un certain nombre de bonus (cartes, argent, point de victoire et autres) qui adviennent quand on passe d'une saison à une autre (l'année est divisée en 4 saisons, soit quatre phases de pose d'ouvriers). S'il est évidemment non négligeable de pouvoir poser ses ouvriers en premier (d'autant qu'il y a un emplacement de moins que le nombre de joueurs pour chaque action sur le plateau, donc pas de place pour tout le monde !), les bonus se font rares sur le haut de la piste de réveil, cette première phase est donc déjà cruciale selon vos besoins ! Après, à 4 joueurs ou plus, on se place souvent où on peut, ou sur le moins pire...



Au début de la partie, chaque joueur ne dispose que de trois ouvriers, deux lambdas, et un spécial qui peut se placer sur une action qui n'a plus d'emplacements libres, ce qui en fait un atout précieux. Vous l'aurez compris, dès le début il va falloir faire des choix, puisque sur les dix-sept actions possibles sur la première année, vous n'en ferez que trois (du moins jusqu'à que vous engagiez de nouveaux ouvriers) ! A noter que le premier qui pose son ouvrier sur un emplacement bénéficie généralement d'un petit bonus, ce qui rend le choix de l'heure du réveil encore plus important ! Le déroulement d'un tour se fait saison après saison. Les joueurs posent leurs ouvriers tour à tour jusqu'à que tout le monde ait passé son tour, ce qui fait aller tout le monde à la saison d'après. La première personne à passer son tour en hiver sera aussi le premier à choisir son nouvel emplacement sur la piste de réveil.

Commençons donc avec la première phase de pose, le Printemps, qui nous donne le choix entre quatre actions. La première est de piocher des cartes vignes. Ces cartes vous donnent du raison blanc (Chardonnay, Trebbiano...) ou rouge (Sangiovese, Merlot...), avec une certaine valeur. Ces vignes pourront être plantées dans vos champs et sont nécessaires pour pouvoir vendanger du raisin. La seconde action est simplement de faire visiter son domaine pour gagner de l'argent (2 Lires). La troisième consiste à construire un bâtiment en payant son coût, que ce soit sur son domaine ou via une carte bâtiment. La dernière consiste à placer des étoiles sur une cartes des régions de Toscane à gauche du plateau pour récupérer de menus gains et surtout jouer à un jeu d'influence et de majorité qui sera important en fin de partie, puisque les joueurs ayant la majorité d'étoiles sur une région gagneront des points de victoire supplémentaires.

On passe ensuite à l'Été, saison pendant laquelle la première chose qu'on peut faire est de jouer des cartes jaunes, qui sont les cartes saisonniers d'Été. Ces cartes sont très variées et leurs effets dépendent totalement, pouvant aller de l'octroi de points de victoire sous certaines conditions à l'échange de ressources ou encore à la construction de bâtiments avec une ristourne. Ces cartes sont très importantes pour accélérer son jeu, mais encore faut-il tomber sur celles qui sont utiles au bon moment ! La seconde action de la saison est de planter une vigne, donc de poser une carte verte sur un de ses trois champs, en respectant la valeur limite de ces derniers. En effet, chaque champ ne peut contenir qu'un nombre limite de vignes. La troisième action, elle aussi cruciale, permet d'échanger des ressources. On peut dépenser deux cartes, trois Lires, un point de victoire ou encore un raisin dans ses pressoirs, contre n'importe laquelle des éléments que je viens de citer. Une action fort pratique, ne serait-ce que pour échanger des cartes objectifs ou saisonniers dans le but de tomber sur de plus arrangeantes ! Enfin, la dernière action permet de vendre un de ses champs s'il n'y a pas de vignes dessus, ou d'en racheter un au cas où. C'est un bon moyen de se faire un petit pécule en début de partie, avec le risque de se ralentir plus tard, mais dans tous les cas cela donne des possibilités intéressantes.

En Automne, la première action consiste à récupérer une carte objectif (une commande de vins). C'est évidemment crucial pour gagner des points et générer des revenus, il est donc difficile de s'en passer même s'il existe un tas d'autres moyens de gagner des points de victoire. Ensuite, la seconde action permet de vendanger un champ. Par exemple, si vous avez un champ avec une carte vigne blanche de valeur 2 et une carte vigne rouge de valeur 3, vous allez récupérer un raisin blanc de valeur 2 et un rouge de valeur 3 qui vont aller dans vos pressoirs. Le problème c'est que ce n'est toujours pas du vin, il faut donc passer par la troisième action de la saison, celle qui permet de fabriquer un vin, pour transformer tout cela en vin dans votre cave ! Attention, si la cave n'est pas assez grande, la qualité du vin sera limitée, tout comme la variété, les rosés et proseccos ne pouvant être fabriqués qu'en combinant plusieurs raisins dans une cave plus importante ! Enfin, la dernière action consiste à choisir entre construire un bâtiment et faire visiter son domaine pour gagner de l'oseille, soit deux actions qu'on avait déjà vues pendant le printemps.



Enfin, l'Hiver vient (générique Game of Thrones incoming) avec une première action qui permet de jouer des cartes bleues (les saisonniers d'Hiver) qui ressemblent fort à ceux de l'Été avec encore une myriade d'effets différents. La seconde action, cruciale, permet de débloquer un ouvrier supplémentaire jusqu'à un maximum de six, sachant qu'on peut payer une pièce supplémentaire pour acheter un ouvrier spécialisé parmi un choix de deux qui sont tirés au hasard en début de partie. Ces derniers apportent généralement des effets de pose non négligeable, ce qui vaut généralement largement le déchirement lié à la dépense d'une piécette supplémentaire. En troisième action, on peut vendre un vin de sa cave en échange de points de victoire. Si cette action rapporte moins que d'honorer une commande, elle peut être intéressante pour débarrasser sa cave si les commandes ne sont pas en accord avec ce qu'on a réussi à vinifier. Enfin, on peut en quatrième action honorer une commande, soit dépenser des vins de sa cave demandés par une carte objectif pour gagner un nombre de points de victoires dépendant de la difficulté de la commande. Cela permet aussi de générer des revenus vous octroyant des pièces à chaque fin d'année. Il existe aussi une action bonus en Hiver permettant de gagner une Lire ou piocher une carte bâtiment, autant dire qu'il ne faut VRAIMENT avoir rien d'autre à faire pour venir s'y placer.

A chaque fois qu'un joueur passe son tour en hiver, il déclenche son processus de fin de tour qui lui fait faire plusieurs choses. Dans un premier temps, il récupère ses ouvriers, puis il vieillit ses raisins et ses vins en cave (ils gagnent tous un en valeur), doit vérifier qu'il n'a pas plus de sept cartes en main (ou défausser le surplus), collecte ses éventuels revenus, et enfin se replace sur la piste de réveil. Une fois que tout le monde a passé, une nouvelle année commence et les tours s'enchainent ainsi de suite jusqu'à la fin de la partie. 

Maintenant que vous avez un aperçu de tout ce qu'il est possible de faire dans le jeu, passons au ressenti ! La première impression est que malgré l'avalanche d'actions possibles et de petites choses à expliquer lors d'une première partie, le déroulement d'un tour est prodigieusement simple à comprendre. On pose un ouvrier, on fait l'action, basta. Ce qui est vraiment difficile (mais passionnant) dans Viticulture, et qui est du à la très bonne profondeur du jeu, c'est de planifier avec exactitude tout ce que l'on veut faire sur une année entière et ne pas perdre cela de vue ! On doit très vite s'adapter et jouer autour des cartes que l'on reçoit, tout en pensant au fait que l'ordre d'initiative va avoir une grande importance dans la stratégie globale. Il faut aussi réussir à accepter de faire des tours qui soient utilisés au développement de son vignoble au détriment des points et à penser dès que possible à l'avenir représenté par les années suivantes en construisant des bâtiments qui accélèrent le gain de ressources ou de points. Comme souvent dans ce type de jeu, il ne faut également pas hésiter à jeter un œil au plateau de ses adversaires, un rush final pouvant advenir subitement. À vous de réagir et d'accélérer, voire d'essayer d'empêcher l'autre joueur d'accéder à certaines actions pour gagner !

Au final, Viticulture est, on peut le dire sans crainte, un grand cru ludique. D'une variété jouissive via ses cartes (d'autant que je joue personnellement avec les petites extensions Saisonniers de la Vallée du Rhin et Saisonniers de la Lande mélangées à celles de base) et ses différentes actions, on comprend vite que, comme d'autres jeux du même auteur (Scythe notamment), la maitrise du jeu ne se fera pas en une seule partie. Au contraire, Viticulture dispose d'une marge d'apprentissage et de progression qui fera que plus vous accumulerez d'expérience de jeu, plus vous saurez tirer avantage de ses nombreuses possibilités. En somme, à la manière d'un bon vin, vous vous bonifierez au fil des parties !

J'insiste une dernière fois sur la nécessité, à mon humble avis, de l'ajout de l'extension Toscane, qui transforme un jeu à la limite du familial en véritable jeu plus expert qui ne quittera plus vos tables de jeux. Un jeu qui se joue avec bien sûr un bon verre de vin à la main (surtout vu l'ambiance du moment), il paraît même que c'est bon pour la santé (à petites doses, attention, je vous vois venir).

Partager ce contenu

Laissez un commentaire

  • <p><span class="h6">Besoin d'aide ?</span><br /><span class="sub-text">Notre expertise à votre service</span></p>

    Besoin d'aide ?
    Notre expertise à votre service

  • <p><span class="h6">Des milliers de jeux</span><br /><span class="sub-text">Sélectionnés par nos soins</span></p>

    Des milliers de jeux
    Sélectionnés par nos soins

  • <p><span class="h6">La livraison est offerte</span><br /><span class="sub-text">À partir de 60 € d'achat</span></p>

    La livraison est offerte
    À partir de 60 € d'achat

Lettre d'informations

Vous pouvez vous désinscrire à tout moment. Vous trouverez pour cela nos informations de contact dans les conditions d'utilisation du site.