Star Wars : Shatterpoint

Publié le : 26/07/2023 14:21:01
Catégories : Focus , Nouveautés

Par Tom, Ludifolie

Dans le hangar à véhicules plongé dans le noir, deux ombres avançaient d'un pas décidé. Ne cherchant pas spécialement la discrétion, les deux silhouettes parlaient sans crainte d'être entendues, éclairées par la lueur puissante de leurs sabres lasers.

- Je ne pense pas qu'ils mordront à l'hameçon, Anakin, fit la première silhouette, un jedi arborant une barbe brune parfaitement taillée et dont le regard ne cessait de scruter la moindre zone d'ombre.

- Ne m'enseignez-vous pas la patience, maître ? lança le second jedi avec un sourire mutin. S'il n'y a rien ici, nous rejoindrons Ahsoka sur le front. Mais je suis persuadé que l'appât sera trop gros pour qu'ils y résistent.

- Nous verrons bien, acquiesça Obi-Wan Kenobi en se caressant la barbe. De toute façon, il ne reste qu'une porte blindée et nous aurons fait le tour de ce lugubre hangar.

- Je m'en occupe, décida simplement Anakin.

Sans plus de cérémonie, il prit un court élan et leva sa main devant lui en poussant un cri. Une force invisible sembla frapper la porte blindée avec la force d'un océan en furie et cette dernière s'arracha, provoquant un bruit de métal distordu qui dut résonner jusqu'à Dantooine. Obi-Wan soupira.

- Etait-ce bien nécessaire, Anakin ? dit-il en haussant un sourcil. Aucune porte du hangar n'était verrouillée...

Le jeune Jedi haussa les épaules en réponse, geste qui acheva d'exaspérer son maître.

- Ce ne serait pas drôle sinon ! fit-il pour se justifier. Et puis de toute façon, notre comité d'accueil est arrivé !

Obi-Wan se retourna promptement et empoigna son sabre laser à deux mains, se plaçant dans une posture de combat qui lui était propre. Autour des deux jedi, plusieurs formes sortirent de la pénombre. Des droïdes commandos s'étaient faufilés en silence entre les caisses et les véhicules, encerclant Anakin et Obi-Wan.

Dès qu'ils furent acculés, un rire sinistre résonna, accompagné par le bruit caractéristique d'un sabre laser qu'on allume. Trois traits rougeâtres crépitèrent, révélant des visages que trop connus des troupes de la République. Asajj Ventress et l'infâme comte Dooku s'avancèrent vers les deux jedi.

- Imbéciles, siffla le Comte d'une voix hautaine en les pointant du doigt. Vous vous êtes précipités vers votre mort !

Sa disciple, Ventress, se jeta vers les jedi en hurlant, rapidement suivie par les droïdes commandos qui se mirent à faire feu de leurs blasters sur Anakin et Obi-Wan.

- On dirait bien que tu avais une nouvelle fois raison, Anakin, dit calmement Obi-Wan alors que les tirs fusaient. Espérons simplement qu'on survive jusqu'à l'arrivée du capitaine Rex.

Tout en déviant un nombre croissant de tirs de blasters, Anakin partit d'un rire franc dont il avait le secret. Alors que les deux sabres de l'assassine Sith s'abaissaient contre le sien, il lança à Obi-Wan, avec un clin d'œil :

- Ne vous inquiétez pas, Maître, je vous protégerai !

Aujourd'hui, nous allons parler du petit dernier de l'éditeur Atomic Mass Games, le jeu d'escarmouches Star Wars : Shatterpoint. Je vous entends déjà râler derrière l'écran : "Quoiii, encore un jeu Star Waaars, mais ça suffit lààà". Je sais, je sais, il n'est pas rare que de nombreux jeux de société finissent thématisés à la sauce Star Wars ou Marvel, un phénomène qui a tendance à s'amplifier ces dernières années. Villainous Star Wars, Pandemic Star Wars, les Uno et Dobble en pagaille en sont des exemples, et d'autres, comme le récent Star Wars : le jeu de Dekbuilding, sont facilement comparables à des jeux déjà sortis auparavant.

Après Star Wars Légion, qui s'est plutôt bien installé dans le milieu du wargame à figurines, l'arrivée de Star Wars : Shatterpoint sonnait un peu comme une overdose de Star Wars. A nouveau de l'affrontement à figurines ? Pourquoi ne pas simplement rester sur Star Wars : Légion, finalement ?

Eh bien en vérité, parce que les deux jeux ne se ressemblent absolument pas.

Pour commencer, Shatterpoint diffère grandement de Légion dans son approche du gameplay. Là où Légion se place proche d'un Warhammer 40.000 (en plus efficace et dynamique) dans l'univers de Star Wars, soit un jeu d'affrontement à plus ou moins grande échelle avec des héros, escouades, tanks et autres machines de guerre, Shatterpoint lui, emprunte plus à un autre jeu d'Atomic Mass Games : Marvel Crisis Protocol. En effet, comme dans ce proche cousin, on parle plus d'escarmouche, dans le sens où chaque joueur ne se retrouve qu'à utiliser 7 ou 8 figurines maximum. Chacune de ces figurines possède tout un arsenal de capacités qui rend cruciale chaque activation, et l'objectif n'est pas tant de massacrer les figurines de son adversaire que d'utiliser les synergies de ses unités à bon escient pour prendre le contrôle de points clés sur le champ de bataille.

Star Wars Shatterpoint : Comment ça se joue ?

Intéressons-nous d'un peu plus près au gameplay de Star Wars : Shatterpoint. Si la première lecture des règles est plutôt indigeste (je conseille de regarder l'une ou l'autre vidéo de parties filmées), le jeu est pourtant plutôt simple dans son déroulement.

Au départ, chaque joueur constitue son groupe de combat, qui est constitué de deux escouades. Chaque escouade est elle-même composée d'une unité principale (le meneur, un personnage puissant comme par exemple Anakin, Maul, Obi-Wan...), d'une unité secondaire (généralement un personnage nommé un peu moins fort) et d'une unité de soutien (des soldats génériques comme les clones, droïdes, stormtroopers etc...). On a donc sous son contrôle entre 6 et 8 figurines, la boîte de base permettant ainsi de se lancer immédiatement dans de véritables parties de Shatterpoint, avec de surcroit des personnages incontournables.

Après l'installation de la table de jeu (Shatterpoint se joue sur un terrain de 90cm x 90cm), des décors, des 9 objectifs placés façon morpion, et le déploiement des groupes de combat, la partie peut commencer.

Le but du jeu est de contrôler un maximum d'objectifs actifs à la fin de son tour. Les objectifs ainsi contrôlés feront avancer d'autant un jeton sur une piste de "lutte", et si ce jeton avance jusqu'à un certain stade dans votre sens, vous gagnerez la lutte. La partie se joue en deux luttes gagnantes, en sachant que les objectifs actifs changent à chaque fin de lutte, ce qui a tendance à rebattre un peu les cartes et à donner généralement un petit avantage au joueur qui a perdu la première lutte. De plus les objectifs, sont de type "bouton". Une fois contrôlé, plus besoin de laisser une figurine à côté pour en garder la mainmise, ce qui ajoute grandement au dynamisme du jeu.

Ce système de lutte via prise d'objectifs est assez passionnant car évidemment thématique, et surtout, vecteur de tension dans la partie. Le jeton ne cessera d'osciller d'un côté ou de l'autre de la piste au gré des aléas de l'affrontement, et blesser des personnages adverses accélérera de faire pencher la balance en votre faveur !

Concernant la gestion d'un tour de jeu, elle est assez simple. Chaque unité qu'un joueur contrôle est représentée par une carte ordre à son effigie qui va être mélangée en début de partie avec les autres cartes de son groupe de combat. Au début de son tour, on pioche donc une de ces cartes au hasard, révélant quelle unité va s'activer. Une carte qui ne nous arrange pas peut être mise en réserve au prix d'un point de force, une ressource dont le joueur dispose en quantité limitée qui servira aussi à activer certaines capacités de personnages. Il existe aussi une carte Shatterpoint qui fait office de Joker et permet à n'importe quel personnage de s'activer (celle-là, on est contents quand elle sort !).

Ensuite, lors de son activation, une unité dispose de deux actions, qui vont être assez habituelles pour les aficionados de jeux d'affrontement : se déplacer, attaquer, tirer, se soigner, se mettre à couvert pour gagner de la défense ou se concentrer pour gagner de l'attaque. En plus de ces actions de base, chaque personnage dispose d'un certain nombre de capacités qu'il pourra activer au prix de points de force, ou parfois au gré de déclencheurs particuliers (certains porteurs de sabre renvoient par exemple des dégâts lorsqu'on leur tire dessus via une capacité de déflexion).

Une fois le combat engagé, c'est là que le sel du jeu se révèle. Chaque unité dispose d'un arbre de combat dédié, une arborescence qui va nous permettre de choisir les effets à infliger à l'adversaire en cas d'attaque réussie. Ces effets vont pouvoir être des dégâts, des marqueurs négatifs, le fait de repousser, de se replacer, ou même de se soigner ! Les personnages principaux disposent même de plusieurs postures, pouvant alterner entre un arbre de combat plus offensif et un autre souvent plus défensif. Dans l'idée, plus on fait de dégâts, plus un personnage va donc avoir d'options de jeu, qui ne sont pas nécessairement du dégât brut.

Parce qu'il ne faut pas se leurrer, Shatterpoint est avant tout un jeu de placement. Les hauteurs, les couverts, les distances entre objectifs et personnages, tous ces éléments de jeu revêtent encore plus d'importance que le combat pur et dur. Utiliser ses capacités uniquement pour foncer sur l'adversaire est souvent une stratégie vouée à l'échec si elle n'est pas réfléchie pour être en même temps un moyen de contrôler le terrain. Les pousse/repousse/attire/replace sont tout simplement indispensables et font du jeu un monstre de dynamisme extrêmement satisfaisant quand on a l'habitude de jeux plus rigides. Dans Shatterpoint, rien n'est figé et c'est tant mieux !

L'importance du décor dans le jeu explique un peu mieux le prix de la boîte de départ (qui en est déjà bien fournie) et l'apparition rapide de kits de décors, tant ces éléments sont aussi importants en terme de gameplay que les combattants eux-mêmes.

Question contenu, rien à redire. Les figurines d'Atomic Mass Games sont superbes (mention spéciale à Grievous qui est incroyable), dans la lignée de ce qu'on avait pu voir sur les magnifiques figurines récentes de Marvel : Crisis Protocol. Le fait qu'elles soient assez grandes et que les détails soient extrêmement nets permet une peinture au millimètre qui ravira tous les peintres ! Les décors, eux permettent une immersion immédiate et surtout de jouer rapidement avec les histoires de hauteurs et de couverts qui sont, on le redit, un point essentiel dans Shatterpoint.

Le seul petit point négatif sera pour moi la première lecture des règles, assez floue, et le wording des capacités. Pour des capacités génériques que l'on peut retrouver sur plusieurs fiches de personnages , on peut parfois lire des choses comme : "Après qu'une attaque effectuée par un personnage de cette unité a été résolue...", alors que l'unité consiste en Grievous seul et que cette capacité ne concerne que lui... autant dire que ça peut prêter à confusion lors de la découverte du jeu.

Hormis cela, j'ai trouvé Star Wars : Shatterpoint excellent, tendu, rapide et intuitif à prendre en main, bref, un cocktail de tous les ingrédients d'un bon jeu d'affrontement à figurines.

Question sorties, ça enchaine déjà très fort (au détriment, certes, d'autres jeux de l'éditeur), mais cela montre bien que les distributeurs croient en leur jeu. On a pu voir de nombreuses previews qui montrent bien qu'on ne se cantonnera pas qu'à une ou deux périodes de la saga, vu qu'on a déjà pu voir du Clone Wars, du Mandalorien, des personnages de Star Wars : Rebels, et aussi de la première trilogie.

Les fans dont je fais partie sont donc comblés, il ne faudra pas attendre 5 ans avant de voir son personnage favori sortir, quitte à être un peu noyé sous les sorties. Mais plus de sorties, c'est plus de choix, et la construction d'escouades n'en sera que plus jouissive !

Que la force soit avec vous !